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SON PASSE

Par une après-midi de décembre nous avons rencontré un historien de cœur, au café restaurant L’Arrosoir, un des cafés situés sous le Viaduc. Philipe est un passionné d’histoire, qui propose des balades insolites dans Paris. Autour d'une tasse de café, c'est avec joie qu'il nous raconta ce qu'il savait. 

La Promenade Plantée suit le chemin de l'ancienne voie de chemin de fer. Sous le premier tronçon de la Promenade se situe le Viaduc des Arts, grand pôle de l'artisanat parisien très réputé. Il représente la continuité du Faubourg Saint-Antoine qui depuis déjà bien des époques rassemble les artisans. Ils occupent principalement le Faubourg mais se propagent jusqu’à l’Avenue Daumesnil.  A cette époque, les artisans, menuisiers, ébénistes, se regroupent en corporation. Comme son nom l'indique le "Faubourg" Saint-Antoine se situait en dehors de Paris au XVIIIe siècle. Seuls 12 arrondissements existaient à l’époque mis en place par le système révolutionnaire. Le 12ème arrondissement n'était qu'une campagne environnante. L'avenue Daumesnil n'existait donc pas encore et n'était alors que des champs et des terres habités par des paysans. Des portes appelées « enceinte des fermiers généraux »  délimitaient le contour de Paris. Cette enceinte parisienne servait à mettre en place des taxes sur les marchandises à l’entrée de Paris. Ainsi, des quartiers se sont développés par leur localisation hors taxes : Bercy, St Mandé, Charonne, ou encore Montmartre avec ses fameux cabarets. On y logeait, mangeait, vivait moins cher. Nous retrouvons donc une population artisanale et paysanne au XVIIIe siècle. Ces régions n'étaient que peu peuplées et plutôt pauvres. 

En 1860, durant le second empire à l’époque de Napoléon III, les grands travaux d’Haussmann envahirent Paris pour laisser place à de grandes avenues comme l’avenue du Trône ou encore l’avenue Daumesnil. Le projet du Grand Paris fut ainsi mis en place et 11 communes furent annexé à Paris : Montmartre, Bercy, Charonne, St Mandé ... C’est à ce moment en 1859 qu’est construit la gare de Bastille à l’emplacement de l’actuel Opéra Bastille et son viaduc. La gare de Bastille, aussi appelée Gare de Vincennes, reliait Bastille à Verneuil-l’Etang. Son emplacement proche de la Gare de Lyon n’est pas problématique, ces deux gares ne desservant pas les mêmes directions. La Gare de Lyon dessert les grandes lignes contrairement à la ligne de Bastille qui elle dessert des petites lignes. Cette ligne est l'ancêtre du RER A. Elle sera en service durant 110ans. Cette ligne s’arrête à la Gare de Reuilly, aujourd’hui utilisée comme maison des associations du 12e, qu’on retrouve au niveau du 2eme tronçon au niveau de l’allée Vivaldi. La ligne de la Bastille, aussi appelée ligne de Vincennes reliait la gare de Paris Bastille à la gare de Marles-en-Brie via Verneuil-l'Étang. La ligne dessert Saint-Mandé puis Vincennes, Fontenay-sous-Bois, Nogent-sur-Marne et Joinville-le-Pont, Saint-Maurice, Saint-Maur-des-Fossés. Elle atteint son premier terminus, La Varenne. Le tracé se prolonge vers le sud, franchit la Marne et atteint Sucy-en-Brie puis Boissy-Saint-Léger, Limeil-Brévannes, dessert encore plusieurs villages jusqu'à Brie-Comte-Robert, puis atteint la grande ligne de Paris-Est à Mulhouse-Ville à laquelle elle se joint à Verneuil-l'Étang.

La ligne de Bastille est principalement utilisée pour les migrations pendulaires. En pleine révolution industrielle, période prospère pour la France, des usines naissent peu à peu dans Paris. Avec elles arrivent l'exode rural. La ligne de Bastille acheminera donc les ouvriers dans Paris intra-muros. On retrouve une population populaire et industrielle, mais toujours aussi artisanale et paysanne. Elle servira aussi aux parisiens à pouvoir profiter de leur weekend aux bords de la Marne, et des guinguettes. Saint Mandé était aussi un lieu côté pour se promener à cheval. « Il existe par dela cettette foret de cheminées à vapeur qui se nomme le Faubourg Saint Antoiine dautres campagnes qu’Auteuil et de saint cloud. Grace à cette ligne on n’ignera plus que Vincennes comme Boulogne a ses lacs et ses chalets que la Marne comme la Seine a ses bords charmants où les touristes pourront jouir des plus ravissants points de vue »

Cependant ces industries sont très polluantes et on décide de décentraliser les usines en banlieue. Les immeubles haussmanniens sont noircis par la pollution. Le quartier se retrouve alors démuni de toute activité et est laissé peu à peu à l'abandon. Un quartier alors ouvrier se trouve démunis de son lieu de travail. Les banlieues deviennent urbanisées, et des bureaux se développent à Paris. La ligne de chemin de fer servira donc alors de transport pour cette fois amener les ouvriers parisiens en banlieue contrairement à son utilisation première. L'arrondissement perd de sa dynamique et certains quartiers comme Chalon, haut lieu de la drogue, deviennent mal famés. Lorsque la ligne de Bastille ferme, le chemin de fer est laissé à l'abandon tout comme les arcades, la nature reprend ses droits et une verdure sauvage s'installe. Cette ligne fut fermée à cause de l'arrivée du RER, en 1969, plus rapide, plus rentable, plus accessible, plus moderne. Une partie de la ligne est utilisé par le RER. La ligne du RER reprend 80% du trajet. Vers les années 80 la SNCF vend l’emprise à la mairie de Paris. Cependant la mairie ne sait pas quoi en faire. Le chemin de fer est donc laissé en friche. Sous les arcades s'installent alors des entrepôts. Seuls des petits commerces de proximités sont situés autour du chemin de fer. Il reste aussi encore des petits ateliers d’artisans. Une période d'interrogation s'instaure quand à ce que va devenir ces arcades et le chemin de fer. Il est à un moment question de détruire le viaduc. Pendant 20 ans cette infrastructure restera délaissée. 

Il était donc nécessaire de redonner vie à cet arrondissement et dans l'idée de rendre le 12ème l'arrondissement le plus vert de Paris, le projet de la Coulée Verte est lancé. Comme nous dit Philippe « Pour redonner vie à un quartier, rien de tel que d’utiliser un espace vide et abandonné, et d’en faire quelque chose qui apporte un plus, quelque chose de différent. » Dans les années 80, alors que la mode des espaces verts commence, le 12ème arrondissement subit une rénovation incroyable par la ZAC de Reuilly, la mise en place de la Coulée Vert et des espaces verts environnants. Il devient un arrondissement à part entière : il attire des familles et peu à peu les prix immobiliers augmentent. Le type de population évolue, la qualité de vie ayant augmentée. Tous les immeubles qui bordent les espaces qui ont été aménagés sont les plus récents. Ils s’accompagnent de places de parkings qui manquaient pour les riverains. Les commerces vont s’établir ici pour l’espace et le pouvoir d’achat du quartier. On y trouve une clientèle bonne gamme. L’installation de Surcouf témoigne de ce pouvoir d’achat, rappelons que les ordinateurs représentent un gros cout à leur début. Le quartier s'embourgeoise.

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