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SON DYNAMISME SOCIAL

QUELLE EST LA DYNAMIQUE SPORTIVE DE LA COULEE VERTE ?

« Attention ! » ; « Pardon, excusez-moi Madame ! », lorsqu’on se balade le long de la Coulée Verte, on ne peut échapper aux interpellations des sportifs. Ces sportifs, qui font aujourd’hui véritablement partie du paysage, y trouvent un parcours parfaitement adapté pour leurs entrainements.  Ce phénomène est expliqué par le projet qu’avait la Mairie de combiner nature, famille et sport dans un seul lieu. Projet à notre avis réussi car, grâce à de nombreux aménagements, la Coulée Verte est devenue un des lieux les plus fréquentés par les joggers, les marcheurs, les rollers, les vélos…

Mais les trois tronçons de la Coulée Verte ne sont pas tous équipés de la même façon. Le deuxième et le troisième sont réservés au sport et à la promenade. Ils sont en effet divisés en deux parties : une aménagée pour les piétons et l’autre aménagée avec des pistes cyclables pour nos sportifs. Mais l’équipement sportif ne s’arrête pas là. De part et d'autre du troisième tronçon, des appareils de remise en forme sont mis à disposition pour débutants et confirmés. En ce qui concerne le premier tronçon, il est, quant à lui, réservé aux promeneurs en ballade, la piste cyclable étant au-dessous, le long de l’avenue Daumesnil.

 

Chaque extrémité (1er et 3eme tronçon) dispose d'un parc où, ici aussi, les sportifs peuvent évoluer. Terrains de basket (Parc de Reuilly), tables de pingpong (Parc Charles Peguy) et fontaines sont à leur disposition pour leurs entrainements sportifs. On retrouve aussi des infrastructures sportives qui se sont développées aux alentours de la Coulée Verte dans les ZAC comme : le Gymnase et la Piscine Reuilly (2eme tronçon), la piscine Roger Legall et le Centre Sportif Paul Valéry (3er tronçon). Le projet de la Coulée Verte permet de relier entre eux tous ces aménagements.

Grâce à des panneaux de signalisation, on repère facilement ces équipements mais surtout les consignes de sécurité. Celles-ci sont sans cesse rappelées, car énormément de gens se plaignent des joggers. L’Adjointe au Maire, Responsable des Espaces Verts à Paris, nous a appris qu’ils recevaient par centaines des lettres de plaintes accusant les joggers de prendre toute la place et d’effrayer les promeneurs. Ne soyez donc pas étonnés si, lorsque vous vous baladez le long de la coulée verte, vous remarquez des panneaux de rappel agrémentés de vives recommandations. 

Finalement, grâce à la Coulée Verte, c’est une nouvelle mais réelle dynamique sociale et sportive, qui a été créée dans le quartier. 

Z.A.C REUILLY

LES Z.A.C : UN DYNAMISME SOCIAL & URBAIN

Après différentes recherches, notamment dans les Archives du Pavillon de l’Arsenal, nous avons pu nous rendre compte combien le réaménagement des sites Reuilly et Chalon étaient nécessaires pour le quartier.

D’abord, une ZAC, c’est l’équivalent d’une ZUP, Zone à Urbaniser en Priorité, avec en plus des aménagements et des lieux publics nécessaires au bon fonctionnement d’un nouveau quartier. La Zone d’Aménagement Concerté est une zone déterminée, où il est urgent de rénover, tels que les logements, souvent insalubres sinon inexistants, les infrastructures ou les places publiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tout le problème de Paris se situe dans le manque de terrains vides permettant la création d’espaces verts. Ainsi, avec l’aménagement de différentes Z.A.C., cela permet également de mettre en place des jardins, avec l’exemple de la Promenade Plantée, liée à la ZAC Reuilly.

Au départ, le quartier de Reuilly est un terrain de 12,5 hectares crée artificiellement au 19ème siècle, où est implanté une gare de marchandises à proximité de l’ancienne ligne SNCF Bastille-Vincennes, qui sera réédifiée en Coulée Verte.  Celle-ci occupe la quasi totalité d’un triangle délimité par la rue de Reuilly au nord-est, par la rue Montgallet au nord-ouest et par l’Avenue Daumesnil au Sud. Elle a longtemps appartenu à la SNCF (80% étaient des emprises) et c’est en 1978 seulement que les parts sont léguées à la Ville de Paris.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En effet, c’est le 22 décembre 1986 que la SEMAEST se voit confier la réalisation, via un traité de concession.  Dans cette "re création" de quartier, elle a distingué, d’après le Schéma d’Aménagement issu de l’un des plans de Paris trouvé au Pavillon de l’Arsenal, quatre objectifs généraux :

 

  • contribuer à la lutte contre la dépopulation de Paris, grâce à la construction de logements, notamment à caractère social

  • assurer aux activités industrielles et artisanales des possibilités de réinstallation et de modernisation dans des conditions économiques  admissibles, et permettre l’accueil d’activités tertiaires dans un secteur bien desservi, principalement par la Gare de Lyon

  • améliorer les équipements publics dans les domaines où ils sont insuffisants, notamment celui des espaces verts de quartier

  • contribuer à une mise en valeur du paysage parisien et veiller à la bonne intégration des réalisations nouvelles dans leur environnement

 

Dans ce document, nous pouvions nous rendre compte que finalement, le projet de Coulée Verte est né avec le conséquent projet de réaménagement que fut celui du quartier Reuilly, car il manquait fortement de zones naturelles.

Enfin, le projet de création d’une Promenade Plantée répond également à la politique qui est mise en place depuis 1978, qui a notamment conduit à la création de nombreuses Z.A.C. parisiennes telles que Belleville, les Amandiers, la Gare de Vaugirard, etc… avec de nombreux espaces verts.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le programme de la Z.A.C est approuvé par le Conseil de Paris le 24 Novembre 1983. De nombreuses infrastructures sont à réaliser:

 

-90 000 m2 de logements

-8 000 m2 de commerces

-65 000 m2 de bureaux et activités tertiaires


La constatation d’une forte augmentation du taux de natalité et la création de ces nouveaux logements amène la Ville de Paris à créer de nouveaux équipements publics :

  • une crèche

  • une école maternelle

  • un centre d’animation

  • une piscine

  • un jardin public

  • une salle polyvalente de 800 places

  • un square

  • un gymnase

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tous ces aménagements ont été réalisés avec succès. On remarque en effet que les équipements, une fois installés, ont permis à la population de la Z.A.C d’évoluer dans un environnement complet, où de nombreux emplois furent créés, un conseil de quartier s’est vu développé, et grâce au centre d’animation, à la salle polyvalente ou encore au gymnase, des événements culturels ont pu être réalisés, laissant place à la mise en pratique d’une certaine sociabilité entre nouveaux résidents du quartier et promeneurs de la Coulée Verte. Tout ceci créant une réelle cohésion, et un attrait social marqué pour ce lieu important du 12ème arrondissement.

Sur la totalité de l’espace (12,5 hectares), 10,7 hectares se sont vus entièrement réaménagés. 27 550m2 d’équipements publics ont été mis à disposition, presque 93 000m2 de logements sont habités, et les commerces représentent 10 615m2. Aussi, 65 000m2 de bureaux et 7 000m2 d’activités artisanales ou industrielles ont pu amener à créer un bon nombre d’emplois. Nous pouvons donc constater qu’en effet, tout un quartier s’est vu transformer, et grâce à ces aménagements et logements créés, il a pu reprendre vie.

Les travaux de la Z.A.C. Reuilly ont duré huit ans, de 1987 à 1995 et la 1ère tranche d’aménagement de la Z.A.C. a démarré en 1988.

Le budget total des travaux est établi à 2,7 millions d’euros environ.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lorsque nous avons interrogé différents passants sur la Coulée Verte, nous avons pu prendre en note que la passerelle qui traverse le Jardin de Reuilly n’est absolument pas pratique pour les parents se baladant avec poussette. Ce problème est assez contraignant, car beaucoup de familles vivent dans le quartier, et souhaiteraient avoir accès à l’autre partie de la Z.A.C sans avoir à faire un détour aussi conséquent, qui représente une réelle perte de temps.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En fouillant dans les archives, nous avons eu accès à une revue datant de Décembre 1992, le « Moniteur des Villes », qui montrait en effet combien le quartier avant les années 80 était « mort ». En effet, il appuie sur le fait que « les quartiers traversés le long de l’Avenue Daumesnil faisaient un peu figure de « bout du monde » tant ils étaient peu animés. Encore une fois, cela prouve combien le réaménagement de la Z.A.C a permis de redonner une identité à une grosse partie du 12ème arrondissement, et a même permis de mettre en valeur les alentours.

Dans l’Enquête Publique qui eu lieu du 22 avril 1985 au 27 juin 1985, on y voit un terme employé plusieurs fois : « importante opération d’urbanisme », et une phrase assez révélatrice : « l’opération envisagée de la Z.A.C. de Reuilly constitue une nouvelle étape de la mise en valeur du 12ème arrondissement ».

Avec la Gare de Lyon à proximité, la desserte de la Z.A.C est excellente. Son réaménagement a entraîné une ouverture directe sur l’Avenue Daumesnil et sur la rue de Reuilly, laissant derrière elle l’image d’un îlot refermé sur lui-même et impénétrable. Enfin, sa liaison directe avec la Coulée Verte, apparue plus tard, a permis de relier tout le quartier avec Bastille.

Les effets sur l’environnement naturel de la Z.A.C. Reuilly sont très favorables : la création du Jardin de Reuilly a permis d’implanter de nombreuses espèces florales, et la liaison directe avec la Promenade Plantée est cohérente. Ces espaces verts permettent à la population de s’y promener quand ils le souhaitent, pour y respirer un air pur, ou même faire des rencontres. L’été, la pelouse est parfaite pour s’y installer tout un après-midi et profiter du bon temps, tout discutant avec les voisins.


Enfin, dans le Plan Programme de la Ville de Paris de 1986, tout un article est réalisé autour de la Coulée Verte : « elle constitue l’un des maillons essentiels de l’axe de verdure prévu entre la Bastille et le Bois de Vincennes, tout en présentant par elle-même l’élément essentiel de la composition urbaine de la Z.A.C. de Reuilly et de son animation ».

En réaménageant cet îlot, la Ville de Paris avait souhaité créer un petit « village » accessible à tous, animé, et vert. C’est un pari réussi, même si aujourd’hui, on constate que la Coulée Verte, comme dit plus haut, reste le centre du quartier et de la dynamisation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est la SEMAEST, Société d’Economie Mixte de la Ville de Paris, ancienne SEMEA-Chalon, spécialisée dans l’animation économique des quartiers de l’est parisien depuis les années 80 et 90, qui s’est occupée de la ZAC Reuilly, avec l’aide de deux architectes : Brachet et Djordjevic.

 

LOGEMENTS

JARDIN DE REUILLY

PISCINE

GYMNASE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le réaménagement de la Z.A.C. Chalon a eu lieu quelques années avant celui du quartier de Reuilly : il débute en 1984 et prend fin en 1995. On constate dans un premier temps que les travaux ont duré plus longtemps que la Z.A.C. Reuilly (11 ans contre 8 ans) pour une surface moins large (9 hectares contre 12,5 hectares). Cela montre déjà que la SEMAEST a eu affaire à un quartier bien plus délabré. En effet, d’après Paul Pernin, c’est « l’un des îlots les plus insalubres de la capitale ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les objectifs principaux sont :

 

- Restructurer la Gare de Lyon et permettre un meilleur accès en créant la grande place Henri Frenay

- Rénover un îlot urbain largement dégradé, et insalubre tout en conservant le maximum de bâtiments

- Recréer un dynamisme avec la mise en place de bureaux, de commerces, d’un hôtel, d’une école, d’un gymnase, d’une crèche, d’un commissariat

- Laisser une certaine mixité sociale en instaurant un foyer pour migrants

 

Ce Plan Programme est approuvé le 3 février 1984 par la Ville de Paris, et c’est la SEMAEST qui sera là aussi chargée du projet.

 

Dans les années 80, Chalon est considéré comme un « nouveau » lieu de la drogue. En effet, à cette époque, il y a massification de l’usage de l’héroïne et les médias sont focalisés sur ces lieux lugubres.  Le quartier de Chalon est associé à « la rue de la drogue » de Belleville et au quartier de la Goutte d’Or de Paris. Cette image véhiculée dans les médias nuit donc largement à l’image du 12ème arrondissement, et dissuade les passants.

On évoque le lieu comme un « cancer urbain de la drogue », et on parle de prostitution, de trafic de drogue et de violence.

Le élus du 12ème eux-mêmes renient cette zone, la considérant comme une « honte pour Paris et pour l’arrondissement ».

 

Pendant l’entre deux guerres, l’îlot Chalon est le premier « quartier chinois » de Paris, et au fil du temps, c’est l’un des lieu de la capitale où se mélanger le plus d’étrangers : le 12ème arrondissement brasse beaucoup de populations, et n’a donc pas de réelle identité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le quartier se dégrade peu à peu, principalement à cause d’une négligence totale de la part de différents acteurs, tels que Jacques Chirac, Maire de Paris à l’époque, la Ville de Paris, et même la SNCF, qui possède certains des bâtiments dégradés et squattés, nie les faits et assure que ceux-ci sont « dépourvus de tout habitant ». 

En 1927, la Ville de Paris décide de rénover la chaussée et les trottoirs, mais pas les égouts ; laissant planer une puanteur infâme. En 1958, elle imagine un projet mais malheureusement celui-ci n’aboutit pas : il faudra attendre seulement 1980 pour que l’on reconsidère la situation dans laquelle se trouvait le lieu, et qu’on se rende compte des dégâts. 

 

Au début des années 80, l’îlot Chalon voit évoluer un petit trafic de « haschich », qui laisse place à un quartier de la drogue : ce sont plus de 2000 personnes par jour qui viennent y acheter leur consommation. On y recense également des cambriolages très fréquents, des vols avec intimidations et de nombreux rackets, laissant la police se charger de ces affaires. Mais l’effectif est trop faible, au point où leurs interventions sont inutiles, et l’accès devient compliqué: on donne un surnom au quartier, le « no flics land ». En effet,  à partir de 1984, la tension est extrême : deux incendies criminels ont lieu, et c’est les commerçants ainsi que les habitants qui sont obligés de se « battre » contre les trafiquants.

A partir du moment où la SEMAEST est désignée comme aménageur, les signes de toxicomanies et de trafic prennent de l’envergure, et c’est l’Etat qui finira par organiser une grosse opération anti-drogue : l’îlot Chalon se voit affecté d’une « rafle » où sont réunis 500 CRS, 200 inspecteurs de la brigade et des chiens renifleurs. Au final, 600 personnes sont interpellées, et 50 directement transmises au Parquet de Paris. Plus d’un kilo d’héroïne est saisi, quelques dealers sont condamnés et beaucoup d’immigrés sont expulsés.

Mi-mai 1984, des bulldozers sont utilisés pour raser le quartier : c’est la fin d’un « supermarché de la drogue », comme nous l’a confié Mme de Cavardie, l’une des habitantes du quartier qui a vécu la transition.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si le projet de la Z.A.C. aura mis autant de temps à émerger, c’est que depuis plusieurs années, les habitants ne souhaitaient pas de rénovations, par peur d’être expulsés. Finalement, après le rasage du quartier, les habitants ont très rapidement été relogés, dans des logements neufs.

 

La rénovation de la Z.A.C. est un élément important dans l’identité du 12ème arrondissement. En effet, nous avons pu constater qu’un quartier à lui-seul pouvait réduire la réputation d’un arrondissement entier : le quartier Chalon faisait peur aux passants, nuisant ainsi à toute l’épaisseur : la Bastille, Daumesnil, Ledru-Rollin étaient toujours un peu associés à l’îlot. Aujourd’hui, le quartier anciennement insalubre est redevenu un quartier sain, stable et agréable, et la Coulée Verte, voisine de l’îlot, ne peut que profiter de ses habitants à la recherche de verdure, qui apportent dynamisme et popularité.

 

Z.A.C CHALON 

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