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SA TRANSFORMATION

En 1977, s’engage à Paris une nouvelle politique d’urbanisme menée sous la direction de Jacques Chirac, qui consiste à proposer un nouveau plan d’occupation des sols (POS) fixant la hauteur maximale des constructions, la répartition des bureaux et des logements. Dans les années 80, avec la lancée de la mode des espaces verts, un Plan Programme pour la mise en valeur de l’Est de la Capitale est mis en place en novembre 1983. La Promenade Plantée devient alors l’un des projets majeurs d’espaces publics inscrits au Plan Programme. Celui-ci doit permettre la réalisation d’espaces verts, de logements, de commerces et d’activités. Ces grandes actions d’aménagement comme la rénovation de la ZAC Reuilly/Chalon, du Viaduc des Arts et la construction de la Promenade Plantée René Dumont seront engagées par la Ville de Paris. Ces opérations sont d’un type nouveau et au caractère particulièrement original.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est avant tout un arrondissement tout entier qui est en changement. Dans le cadre de ce rééquilibrage de l’Est parisien, le 12e arrondissement amorce dans les années 60 d’importants travaux urbains. Ce programme commence par la transformation des abords de la Gare de Lyon et du quai de la Rapée en une zone d’affaires, accueillant bureaux et sièges sociaux de grandes entreprises. D’immenses tours, dont les tours Gamma, situées aux abords de la gare, déploient leur imposante masse rectangulaire, informe et monotone. Cette opération foncière qui visait à enrayer la pénurie de surfaces de bureaux dans la capitale, a suscité de vives émotions. Beaucoup l’ont critiqué, considérant que ces immeubles ne s’intégraient pas au site, notamment à proximité de la gare qui s’en trouve à présent dévalorisée.

 

UN ARRONDISSEMENT EN MOUVEMENT

A partir des années 80, les programmes architecturaux prennent une dimension beaucoup plus humaine. Les immeubles « barres » sont remplacés par des constructions plus respectueuses de l’environnement. C’est dans ce contexte que de nombreuses opérations d’envergure ont permis de donner au 12e un second souffle. L’ilôt insalubre de Chalon, à côté de la Gare de Lyon est rasé et entièrement reconstruit autour d’une place aérée, la place Henry-Frénay. A Bercy, les entrepôts, délaissés depuis les années 70, sont remplacés par un espace dédié aux loisirs, à la détente et aux affaires. Le coup d’envoi est lancé au début des années 80 par la construction du Palais Omnisports de Paris Bercy, puis par l’inauguration du Ministère de l’Economie et des Finances ainsi que par l’aménagement du Parc de Bercy, jalonné d’immeubles résidentiels. Les anciens chais les plus remarquables ont été préservés. Ceux du cours Saint-Emilion accueillent aujourd’hui restaurants et boutiques, quant aux chais Lheureux, ils accueillent le musée des Arts Forains. A proximité, un imposant centre d’affaires composé du Centre d’Exposition Zeus Paris Bercy ainsi que de bureaux et du complexe UGC Cinéma, réalisés dans les années 90, donnent à cette partie du 12e une impulsion économique que personne n’aurait pu imaginer 20 ans auparavant.

 

LE PROJET

La libération de l’emprise foncière en 1985 que constitue l'ancienne ligne SNCF est une opportunité exceptionnelle pour l’aménagement du 12e arrondissement et fournit l’occasion de réaliser une Promenade Plantée originale, allant de la place de la Bastille au Bois de Vincennes. Et si cette voie permettait de voyager à nouveau mais autrement ? Ainsi va naitre le projet de la Promenade Plantée, qui deviendra, avec tant d’autres, un bel exemple de réhabilitation du patrimoine industriel. Cependant ce n’est pas le premier projet à s’installer sur une infrastructure délaissée. Le parc de La Villette et le parc Georges Brassens situés sur d’anciens abattoirs ainsi que des parcs basés sur d’anciennes usines inspireront fortement la Promenade. La SNCF vend aussi à la Ville de Paris le terrain de la Gare de Reuilly, ainsi que des terrains du secteur « Sahel/Montempoivre », qui constitueront des étapes de la Coulée Verte.  Il est prévu de construire des logements permettant le passage de la promenade dans le secteur Montempoivre.

 

L’APUR, l’atelier parisien d’urbanisme travaille sur les plans de ce parcours. Cette agence d’urbanisme a aussi pour mission de réfléchir à des propositions concernant l’avenir de la Gare de la Bastille ainsi que du Viaduc qui longe la Promenade Plantée. Un projet de destruction du viaduc est envisagé mais s’avère rapidement irréaliste dans la mesure où de nombreux immeubles de l’avenue ont été construits en fonction de cet ouvrage. La disparition du viaduc entrainerait alors trop d’incohérences dans le paysage urbain. En 1982 est prévu d’intégrer au projet de l’Opéra Bastille un parcours pédestre en provenance du Viaduc. Ce projet n’a pour le moment jamais vu le jour.

Le principe de l’aménagement de la promenade est adopté par le Conseil de Paris en février 1983. En 1985, la SEMAEST,  Société d'Economie Mixte de la Ville de Paris, spécialisée dans l'animation économique des quartiers, dans les projets d'aménagement, de rénovation ainsi que de développement économique, au service de la vitalité urbaine, se voit confier la mission d’aménager les 12,5 hectares de l’ancienne gare de Reuilly. Le Conseil de Paris et le Conseil du 12e arrondissement approuvent en février 1987 l’ensemble du projet. « La Promenade Plantée est une action volontaire pour réparer la ville et donner une nouvelle impulsion à l’arrondissement » pouvons-nous lire dans des revues de quartier. En effet, il était essentiel de retenir une proposition visant à réhabiliter l’ancien remblai ferroviaire, en un centre d’animation fort et significatif. Cet objectif visait à répondre à une double préoccupation : implanter un lieu particulièrement attractif, original et de grande qualité au cœur du 12e, proche de la Mairie et du nouveau quartier de Reuilly.

 

Au salon d’automne de 1984, Lionel Blancard de Léry, un architecte de 23 ans, fils et petit-fils d’architecte,  jette les bases de cette « Coulée Verte ». Les principes qu’il avait indiqué sont d'ailleurs repris par les concepteurs, l’architecte Philippe Mathieux et le paysagiste Jacques Vergely. Ils ont articulé le projet autour de sept séquences géographiques différentes.

 

LES TRAVAUX

 

Les travaux commencent en 1988, au niveau de la rue du Sahel. Au même moment, la Mairie lance un concours concernant la remise en valeur du Viaduc des Arts entre quatre équipes de concepteurs sélectionnées sur références. Le jury, composé d’architectes indépendants et d’élus municipaux, retient la proposition de l’architecte Patrick Berger. La SEMAEST assurera, elle, la maitrise d’ouvrage. Elle s’occupera aussi de coordonner les différentes opérations d’aménagements dans l’arrondissement, entre le viaduc, les ZAC et la promenade.

Une partie du troisième tronçon est réalisée et ouverte au public en 1989, seulement 2 ans après le début des travaux. En 1990, le ravalement du Viaduc commence alors. Le coût prévisionnel total de l’opération est évalué à environ 860 MF en 1990, soit environ 200 ME aujourd'hui.

 

« C’est formidable de voir ainsi l’arrondissement bouger » s’exclame Paul Pernin, maire du 12e de l’époque, président de la SEMAEST et initiateur du projet en considérant le chantier. Il est particulièrement impliqué dans ce projet, car pour lui, c'est une priorité. Parallèlement aux travaux, ce projet fait beaucoup de bruit dans le quartier, et ses habitants réclament vite des résultats. Cependant, le projet fut vite retardé par le projet complémentaire, particulièrement lent, de transformation des arcades de l’Avenue Daumesnil. 

 

Ainsi, dans un Auto Journal datant de 1989, nous apprenons que la Promenade Plantée ne pourra pas atteindre son terminus jusqu’au château de Vincennes car la commune de Saint Mandé par laquelle passerait la promenade refuserait son passage prétextant qu’elle ramènerait « des drogués, des basanés, des seringues ». Le journal scandalisé remet tout de même en cause cette excuse par le peu de crédibilité quant au fait que le maire de Paris de l’époque Chirac n’aurait pas pu négocier son passage. De plus il remarque sur le cadastre que l’arrivée de la promenade dans le bois de Vincennes via Saint Mandé appartiendrait à la Ville de Paris. Le journal se plaint lui aussi d’une assez lente avancée des travaux,  « beaucoup de bruit pour pas grand-chose » disent-ils. A ce moment, seul le troisième tronçon est réalisé.

En 1991, on prévoit l’achèvement des travaux pour 1994. Cependant, ce n’est qu’en 1995 que la Promenade Plantée est entièrement ouverte au public, et en 1997, les dernières voutes du Viaduc sont achevées.

 

INTERVIEW "COULEE VERTE" RTL Le 27/04/1995

F GAUJOUR – Notre enquête cette semaine est consacrée aux beaux jardins français, vous savez, tous les beaux jardins qu’on a envie de visiter, quand il fait beau évidemment. Alors la « Coulée Verte », eh bien est un jardin parisien qui sera bientôt terminé. En tout cas la Ville de Paris va bientôt l’inaugurer. Ce sera l’un des plus grands espaces verts de la capitale. Il a d’ailleurs fallu attendre près de dix ans entre le premier coup de pioche et sa réalisation finale. Un jardin qu’il faut découvrir, il se cache en plein Paris, dans le douzième arrondissement. Regardez.

 

S. ASSAOUI – Jamais la Coulée Verte n’aura autant mérité son nom. Les habitants du douzième arrondissement de Paris en connaissent déjà quelques tronçons, mais lorsque ce jardin sera inauguré, dans quelques semaines, et que toutes les sections auront été raccordées entre elles, ce sera une tranchée verdoyante de quatre kilomètres et demi de long, une ancienne voie de chemin de fer rachetée à la SNCF par la Ville de Paris traversant le XIIe de part en part, d’est en ouest, de la Porte de Vincennes à la Bastille.

 

H. CASANOVA, responsable de la réalisation du jardin – C’était en fait offrir aux habitants finalement l’opportunité de traverser leur quartier autrement que par les rues. Donc on a profité de cette ligne SNCF désaffectée pour effectivement en faire un jardin et permettre aux riverains, soit de se promener, soit d’aller en vélo à leur travail ou de se déplacer dans le XIIe jusqu’au Bois de Vincennes depuis la Bastille dans des conditions tout à fait agréables.

 

S.ASSAOUI – Ce rayon vert sera réellement un jardin de quartier réservé presque exclusivement aux habitants du XIIe car il est caché. Comme la voie de chemin de fer il emprunte un tunnel sous le boulevard Diderot et un peu plus loin il passe sur un viaduc en bordure de l’avenue Daumesnil, l’occasion de découvrir pour les parisiens l’architecture cachée des immeubles. Cet espace à la fois jardin d’aménagement et déambulatoire est le dernier né des Espaces verts de la Ville de Paris, un petite victoire pour le XIIe arrondissement qui manquait cruellement de verdure.

 

B.DUVAL, ingénieur en chef ville de paris – Tout le problème de Paris justement c’est de trouver des terrains vides pour faire des espaces verts. Globalement, il n’y en a pas. Donc on recherche, soit lors de la rénovation de quartiers dans des ZAC dégager des surfaces qui permettent de faire de nouvelles surfaces vertes, et puis il y a des recherches, des contacts qui sont établis avec la SNCF, avec différents organismes, pour libérer des terrains.

 

S.AISSAOUI – Avec la coulée verte il existe désormais dans Paris intra-muros 380 hectares d’espaces verts entretenus par 4200 agents des Parcs et Jardins, une activité prise très au sérieux par la Ville de Paris car les parisiens sont très amoureux de leurs espaces verts, véritables poumons de la capitale.

 

FIN

Deux idées essentielles sont chères au maire du XIIe arrondissement : conserver et renouveler les deux grandes traditions de sa « ville », le vin à Bercy et les métiers d’art dans le faubourg Saint Antoine et faire de l’avenue Daumesnil un lieu animé et attractif. La vitalité d’une avenue commerçante viendrait ainsi prolonger l’animation de Bastille.

 

 

 

« En bordure, et au niveau de l’avenue Daumesnil, les voûtes du viaduc, devenues propriété de la Ville, demeureront affectées à des activités commerciales et d’animation ; une complémentarité de ces activités avec la promenade supérieure sera progressivement recherchée. » retrouve-t-on dans un rapport décrivant les étapes de l’aménagement de la Promenade Plantée. En effet sur la majeure partie de son parcours, la promenade devra emprunter le Viaduc voûté qui longe l’avenue Daumesnil. Au-delà, au niveau de l’ilot Rambouillet, plutôt que de conserver le remblai, soutenu par un mur gris et triste qui est devenu inutile, un réaménagement complet est proposé. La SEMAEST lance un concours d’architecture en 1987 pour «remplir le vide et définir un objet architectural». Cette partie nécessitera un soin particulier pour l'architecture afin de s’intégrer harmonieusement au quartier dans le prolongement du viaduc, et ainsi favoriser l’agrément de la promenade et l’animation au niveau de l’avenue.

 

 

Cet immeuble « remblai » accueillera des logements et des activités commerciales et d’animation. La complexité, l’importance et l’enjeu urbain de l’opération ont conduit les autorités municipales à organiser un concours pour la conception architecturale du projet. Le jury de cette consultation, réuni en avril 1987, a retenu la proposition de Mr Wladimir Mitrofanoff. Sur cette base, la Ville de Paris et la SEMAEST ont lancé par la suite une consultation de promoteurs dont un des critères essentiels de jugement portait sur la qualité du programme proposé en matière d’animation du quartier. De grands projet étaient attendus à ce niveau dont une école d’antiquaire. Cependant elle ne verra jamais le jour, car aujourd'hui, nous y retrouvons de grandes enseignes telles que Surcouf (que l'on a remplacé par un Leroy Merlin en 2014) ou Go Sport.

 

L’aménagement du Viaduc débute en 1990, sous la direction de l’architecte Patrick Bergerer. Cela va durer plus de trois ans. 

Cet aménagement a pour but de constituer un quartier des Arts et des Métiers d’Art de Paris. Il représente une nouvelle forme de centre commercial spécialisé dans les productions artisanales et artistiques de haut niveau.

L’originalité majeure du concept consiste à réunir en un même lieu trois secteurs concernés, de manière différentes mais complémentaires, par le domaine de l’objet d’art : les artisanats d’art, les antiquaires, les créateurs contemporains, ainsi que quatre modes d’intervention : la création, la fabrication, la restauration, et le commerce. 

 

La façade de briques du Viaduc subit une restauration très lourde, tout comme chacune des voûtes nécessitant d’importants travaux.

 

Une étude d’impact a été réalisée en 1990 au sujet du viaduc des Arts et le public interrogé a manifesté un intérêt tout à fait exceptionnel. Ils attendaient selon leurs calculs une fréquentation de 100 000 à 120 000 personnes par an. La clientèle ciblée s’étend des amateurs et des professionnels aux simples promeneurs. Avec ce centre des arts, Paris sera doté au cœur du 12e, d’un pôle d’attraction unique répondant au souci de l'image de la Capitale :  il participera ainsi au rééquilibrage de l’Est, tout en insufflant une dynamique nouvelle à un secteur d’activités en difficulté. 

« Ce sera la première grande vitrine des métiers d’art en Europe » affirme Jacques Chirac, Maire de Paris à cette époque.

INTERVIEW PAUL PERNIN, JOURNAL TOUR EIFFEL Le 25/04/1994

LA REGION EN QUESTION

Journal Tour Eiffel – Les premières voûtes réhabilitées du viaduc de l’avenue Daumesnil dans le douzième arrondissement, vont accueillir dès le mois de juin des commerces et des ateliers d’art. Pourquoi ce choix ? Explication avec Paul Pernin, le maire du douzième.

 

P. Pernin – Nous sommes ici dans un fief où la tradition c’est le métier d’art. Nous avons donc voulu faire une opération de réhabilitation de ce viaduc pour permettre d’une part au métier d’art d’avoir un lieu où il peut exercer leur art, et également animer l’avenue Daumesnil. Car le soir et dans la journée cette partie de l’avenue Daumesnil était très triste.

 

JTE – La ligne de chemin de fer Bastille-Bois de Vincennes, passait autrefois sur ce viaduc, mais depuis qu’elle a été supprimée les arcades servaient de dépôt où était carrément squattées. A quoi vont-elles servir désormais ?

 

PP- Maintenant toutes les voutes vont être réhabilitées à l’identique telles que celles que vous voyez aujourd’hui, elles seront occupées par des métiers d’art. Il y aura quatre séquences, une qui sera réservée plutôt aux artisans d’art s’occupant de musique, une autre aux industries d’ameublement et au matériel d’ameublement, une troisième aux artisans contemporains et enfin les derniers aux artisans que nous connaissons depuis longtemps qui ont fait de si belles choses dans tout le quartier du faubourg saint Antoine. Ça sera un espace de travail, les gens pourront voir en vitrine travailler un artisan et ce sera passionnant.

 

JTE- 29 commerçants parmi lesquels des ébénistes, tapissiers, une restauratrice de dentelle, un maitre verrier et un marqueteur sont déjà partants. Ils feront partie des premiers artisans qui s’installeront l’été prochain. Mis il faudra attendre mars 95 pour que la totalité des voutes soient rénovées, ces nouveaux locaux qui comportent un sous-sol et une mezzanine sont commercialisés à des prix référentiels, sans droit d’entrée. 

 

FIN

Ainsi, la Coulée Verte et le Viaduc des Arts se sont vus rénovés donnant une toute nouvelle  identité au 12ème arrondissement de Paris. Nous verrons par la suite,  les différents dynamismes qu'elle a apporté au quartier, grâce aux aménagements créés.

 

Avec tous ces projets imaginés, le douzième se donne alors, l'ambition de devenir un quartier parisien à part entière grâce à une totale redynamisation. Nous verrons plus tard que ces grandes initiatives prises par Paul Pernin et Jacques Chirac ne seront pas toujours abouties.(n'aboutirons pas toujours à leur réussite)  Ce qui est certain, est un que le 12e arrondissement, après ces grands traveaux, se dote dorénavant d'atouts majeurs tels que ses deux ZAC, sa Coulée Verte et ses différents parcs. Cette politique de réhabilitation de l'est parisien fut efficace : les inégalités entre est et ouest ont disparus ou ne sont alors que minimes. 

 

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